Quand le ciel en aura marre de nous, quand le ciel en aura marre des fous,
il foutra tout par-dessus tout, en l'air ce qui était dessous,
par terre ce qui était debout, ça sera pas beau à voir du tout.
Jour de colère que ce jour-là, il vaudra mieux ne pas être là,
le jour où tout dégringolera, la tour Eiffel, l'Himalaya,
les pyramides et la Scala de Milan, ça fera du vent.
Jour de colère que ce jour-là, sur toute la terre, ça valsera.
La mer viendra danser, viendra danser, au grand casino de Vichy,
elle entrera faire un banco avec les morts, et les croupiers ayant perdu leur bouloui d'or,
avanceront des coquillages. La Seine quittera son lit,
quittera son lit et traversera l'Atlantique, pour expliquer au président des USA,
que dans le temps il y avait à Rouen une cathédrale, comme un gratte-ciel du Moyen-Âge.
Jour de colère que ce jour-ci, il vaudra mieux se mettre à l'abri,
le jour où tout tombera en pluie. Madagascar, le Stromboli,
le Vatican et les Galeries Lafayette, garde à nos têtes.
Jour de colère que ce jour-là, sur toute la terre, ça valsera.
Le vent emportera dans la direction du pôle sud,
des cheminées, des petits drapeaux, des troléblous, quelques képis de générois,
quelques plantes vertes, des mots d'amour et des passoires.
La boue recouvrira, comme un édredon de tendresse,
les cacailleries, les ambassades et les bordels.
Le Pentagone, le Saut de Vincennes et le rideau de fer,
et l'antenne de radio en dehors.
Jour de colère que ce jour-là, il vaudra mieux ne pas être là,
plus rien, plus rien ne restera.
Plus rien qu'un air d'accordéon, montant dans l'air,
comme un adieu à la vie.
Et sur la terre, une dernière fois, pour nos misères, on valsera.
Vienne, vienne, vienne, vienne enfin ce jour-là.