C'est gentil de m'avoir accompagné à la gare.
Oh ben voyons !
Ah ben si, si, si !
Puis, ces fleurs, ces bonbons, ces journaux...
Savez-vous que c'est la première fois que nous nous séparons depuis que c'est arrivé ?
Remarquez, quinze jours, c'est pas très long.
Bon, évidemment qu'un jour, ce n'est pas très long, mais songez tout de même à ce que cela fait comme heure.
Puisque vous partez en voyage,
Puisque nous nous quittons ce soir,
Mon cœur fait son apprentissage,
Je veux sourire avec courage.
Voyez, j'ai posé vos bagages,
Marche avant, côté du couloir,
Et pour les grands signaux d'usage,
J'ai préparé mon grand mouchoir.
Dans un instant, le train démarre,
Et le train démarre,
Je resterai seule sur le quai
Et je vous verrai de la gare
Me dire adieu là-bas, avec votre bouquet
Promettez-moi d'être bien sage
De penser à moi tous les jours
Et revenir dans notre carrière
Où je guette votre retour
Voilà, je vous ai trouvé une bonne place dans un compartiment
Où il y a une grosse dame et un vieux curé avec une barbe blanche
Oh, mais je crois que je serais très bien
Et puis, je vous ai acheté deux livres
Le premier, c'est La vie des saintes
Et l'autre, c'est L'imitation de la bienheureuse Ernestine
Ça vous plaît, ça ?
Oh, beaucoup !
Puisque vous partez en voyage
Vous m'avez promis, ma chérie
De m'écrire quatorze pages
Tous les matins au davantage
Pour que je vois votre visage
Baissez la vitre, je vous prie
C'est affreux, je perds tout courage
Et moi, je déteste Paris
Le contrôleur crie en voiture
Le cochon, il sait pourtant bien
Que je dois rester
Mais je jure
Que s'il le crie encore une fois
Moi je viens
J'ai mon amour pour seul bagage
Et tout le reste, je m'en fous
Puisque vous partez en voyage
Ma chérie, je parle
Avec vous