L'orgue de barbarie.« Moi, je joue du piano, disait l'un. Moi, je joue du violon, disait l'autre. Moi, de la harpe. Moi, du banjo. Moi, du violoncelle. Moi, du bignou. Moi, de la flûte. Et moi, de la créselle. »Et les uns et les autres parlaient, parlaient, parlaient de ce qu'ils jouaient. On n'entendait pas la musique. Tout le monde parlait, parlait, parlait. Personne ne jouait. Mais dans un coin, un homme se taisait.« Et de quel instrument jouez-vous, monsieur, qui vous taisez et qui ne ***es rien ? » lui demandèrent les musiciens.« Moi, je joue de l'orgue de barbarie. Et je joue du couteau aussi, *** l'homme qui jusqu'ici n'avait absolument rien ***. »Et sa musique était si vraie, si vivante et si jolie, que la petite fille du maître de la maison sortit de dessous le piano où elle était couchée endormie par ennui, et elle ***.« Moi, je jouais au cerceau, à la balle, au chasseur. Je jouais à la marrelle, je jouais avec un seau, je jouais avec une pelle. Je jouais au papa et à la maman, je jouais à chat perché. Je jouais avec mes poupées, je jouais avec une ombrelle, je jouais avec mon petit frère, avec ma petite sœur.Je jouais aux gendarmes et aux voleurs, mais c'est fini, fini, fini.Je veux jouer à l'assassin, je veux jouer de l'orgue de barbarie. »Et l'homme prit la petite fille par la main, et ils s'en allèrent dans les villes, dans les maisons, dans les jardins, et puis ils tuèrent le plus de monde possible.Après quoi, ils se marièrent, et ils eurent beaucoup d'enfants.Mais l'aîné a pris le piano.Le second le violon, le troisième l'arbre, le quatrième la crécelle, le cinquième le violoncelle, et puis ils se mirent à parler, parler, parler, parler.On n'enten*** plus la musique, et tout fut à recommencer.