La laitière et le poteau-lait.Perrette, sur sa tête ayant un poteau-lait bien posé sur un coussinet,prétendait arriver sans encombre à la ville.Légère et courvétue, elle allait à grands pas,ayant mis ce jour-là pour être plus agile cotillon simple et souillé plat.Notre laitière ainsi troussée comptait déjà dans sa penséetout le prix de son lait, en employait l'argent,achetait un sang d'œuf, faisait triple couvée.La chose allait à bien par son soin diligent.Il m'aidisait-elle facile d'élever des poulets autour de ma maison.Le renard sera bien habile s'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.Le porc à s'engraisser coûtera peu de sang.Il était quand je lus de grosseur raisonnable.J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,vu le prix dont il est, une vache et son veau,que je verrai sauter au milieu du troupeau ?Perrette, là-dessus, saute aussi, transportée.Le lait tombe. Adieu, veau, vache, cochon, couvée.La dame de ses biens qui tend d'un œil mari sa fortune ainsi répandueva s'excuser à son mari, en grand danger d'être battue.Le récit en farce en fut fait.On l'appela le pot au lait.Quel esprit ne bat la campagne ?Qui ne fait château en Espagne ?Qui crocole, pire russe, la laitière,tous, autant les sages que les fous ?Chacun songe en veillant.Il n'est rien de plus doux.Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes.Tout le bien du monde est à nous.Tous les honneurs, toutes les femmes.Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi.Je m'écarte, je vais détrôner le Sophie.On m'élit roi, mon peuple même.Les diadèmes vont sur ma tête.C'est pleuvant.Quel qu'accident fait-il que je rentre en moi-même ?Je suis gros, Jean, comme devant.