Les pays, c'est pas ça qui manque,
On vient au monde à Salamanque,
À Paris, Bordeaux, l'île Brest,
Lui, la nativité, le prix,
Du côté des Saintes-Maries,
C'est un modeste.
Comme jadis a fait un roi,
Il serait bien fichu, je crois,
De donner le trône et le reste,
Contre un seul cheval camargué,
Bancal, vieux borgne fatigué,
C'est un modeste.
Suivi de son pain parasol,
S'il fuit sans même toucher le sol,
Le moindre effort,
comme la peste,
Ses cochontiers, ses bras d'Hercule,
Rendraient les autres ridicules,
C'est un modeste.
À la pétanque, quand il perd,
Te fait pas de soucis, pépère,
Si d'aventure il te conteste,
S'il te bouge, s'il te rudoit,
Au fond, il est content pour toi,
C'est un modeste.
Si quand un emmerdeur le met,
Tant rogne, on ne le voit jamais,
Levé sur l'homme une main leste,
C'est qu'il juge pas nécessaire
D'humilier un adversaire, C'est un modeste.
Et quand il tombe amoureux fou,
Y'a pas de danger qu'il l'avoue,
Les effusions d'âme il déteste,
Selon lui mettre en plein soleil,
Son cœur ou son cul, c'est pareil,
C'est un modeste.
Quand on enterre un imbécile,
De ses amis,
s'il raille,
s'il A l'œil sec et ne manifeste,
Aucun chagrin t'y fit pas trop,
Sur la patate il en a gros,
C'est un modeste.
Et s'il te traite d'étranger,
Que tu sois de nappes le danger,
Ou d'ailleurs remets pas la veste,
Lui, quand il t'adopte, par***,
Il veut pas que ce soit le ***,
C'est un modeste.
Si tu n'as pas tout du grimot,
Si tu sais lire entre les mots,
Entre les faits, entre les gestes,
Lors, tu verras clair dans son jeu,
Et que ce bel avantageux, C'est un modeste.