Au détour d'une vallée, d'un col dur à grimper,
au sortir d'un fossé ou d'un ciel chaviré,
avant l'extinction des feux,
après bien des adieux,
il est là en vainqueur, il est là l'enchanteur,
à l'endroit du cœur, en flanel sur le cou,
comme un colis de fleurs,
comme une levée d'écrous,
dans le froid,
la chaleur,
après l'amour,
la douleur,
après bien des erreurs,
il est là le bonheur.
Et même si l'on meurt,
on aura eu du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
après bien des malheurs,
on aura eu du bonheur, du bonheur, du bonheur.
Au matin la blancheur saignée de la rosée,
au premier lueur, le dernier de cordée,
on ne l'attendait plus, pourtant il est venu,
le regard rieur, le sourire enjôleur,
au détour d'une rue, croisé dans l'escalier,
il nous a reconnu, un sourire échangé,
après qu'on ait eu si peur,
bien souvent déserteur,
comme un grand voyageur,
on atteint le bonheur.
Et même si l'on pleure,
on aura eu du bonheur, du bonheur, du bonheur,
même s'il arrive à pas d'heure,
on aura eu du bonheur, du bonheur, du bonheur.
En avance,
en retard,
qu'est-ce que ça peut faire,
sur le quai d'une gare,
comme surgit de terre,
posé sur le sol, il est là, qui décolle,
comme un bel aviateur, il prend de la hauteur,
je suis là,
enfin prêt,
d'esquiver,
j'avais tort,
mais j'ai tiré un trait,
je suis prêt,
en accord,
il s'approche de moi,
il est temps,
il est l'heure,
pour la première fois, on me soulève le bonheur.
Comme un accord majeur,
on aura eu du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
dans les grandes largeurs,
On aura eu du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
du bonheur,
du bonheur...