Pourquoi cette fanfare, quand les soldats par quatreAttendent les massacres sur le quai d'une gare ?Pourquoi ce train ventru, qui ronronne et soupireAvant de nous conduire jusqu'aux malentendus ?Pourquoi les chants, les cris des foules venues fleurirCeux qui ont le droit de partir au nom de leur connerie ?Nous n'irons plus au bois, la colombe est blesséeNous n'allons pas au bois, nous allons la tuerPourquoi l'heure que voilà ?Où finit notre enfance ? Où finit notre chance ?Où notre train s'en va ? Pourquoi ce lourd convoiChargé d'hommes en gris, repeint en une nuitPour partir en soldats ? Pourquoi ce train de pluie ?Pourquoi ce train de guerre ? Pourquoi ce cimetièreEn marche vers la nuit ?Nous n'irons plus au bois, la colombe est blesséeNous n'allons pas au bois, nous allons la tuerPourquoi les monuments qu'offriront les défaitesLes phrases déjà prêtes qui suivront l'enterrement ?Pourquoi l'enfant mort-né ? Que sera la victoire ?Pourquoi les jours de gloire que d'autres auront payés ?Pourquoi ces coins de terre que l'on va peindre en grisPuisque c'est au fusil qu'on éteint la lumière ?Nous n'irons plus au bois, la colombe est blesséeNous n'allons pas au bois, nous allons la tuerPourquoi ton cher visage dégraffé par les larmesQui me rendait les armes aux sources du voyage ?Pourquoi ton corps qui sombre, ton corps qui disparaîtEt n'est plus sur le quai qu'une fleur sur une tombe ?Pourquoi ces prochains jours où je devrais penserA ne plus m'habiller que d'une moitié d'amour ?Nous n'irons plus au bois, la colombe est blesséeNous n'allons pas au bois, nous allons la tuer