Ils sont tombés
Sans trop savoir pourquoi
Hommes, femmes et enfants
Qui ne voulaient que vivre
Avec des gestes lourds
Comme des hommes vivres
Mutilés, massacrés
Les yeux ouverts d'effroi
Ils sont tombés
En immoquant leur Dieu
Au seuil de leur église
Où le pas de leur porte
En troupeau de désert
Si tu m'entends encore
Tu m'entends encore
Terracé par la soif
La faim, le fer, le feu
Nul n'élève à la voix
Dans un monde euphorique
Tandis que croupissait
Un peuple dans son sang
Leur âme découvrait
Le jazz et sa musique
Les plaintes des trompettes
Couvraient les cris d'enfants
Ils sont tombés
Uniquement sans bruit
Par milliers, par millions
Sans que le monde bouge
Devenant d'un instant
Minuscules fleurs rouges
Recouverts par un vent de sable
Et puis d'oubli
Ils sont tombés
Les yeux pleins de soleil
Comme un oiseau qu'envole
Une balle fracasse
Pour mourir n'importe où
Et sans laisser de traces
Ignorées, oubliées
Oubliées
Dans leur dernier sommeil
Ils sont tombés
En croyant à Jésus
Que leurs enfants
Pourraient continuer
Leur enfance
Qu'un jour ils fouleraient
Des terres d'espérance
Dans des pays ouverts
D'hommes aux mains tendues
Pour moi
Je suis de ce peuple
Qui dort sans séculture
Qui a choisi de mourir
Sans abdiquer sa foi
Qui n'a jamais baissé
La tête sous l'injure
Qui survit malgré tout
Et qui ne se plaint pas
Ils sont tombés
Pour entrer dans les nuits
Éternels des temps
Au bout de leur courage
La mort les a frappés
Sans demander leur âge
Puisqu'ils étaient fautifs
D'être enfants d'Amélie
Les enfants d'Arménie
Vous pouvez retirer le mot Arménie, les enfants d'Arménie à la fin
Il y a nombre d'enfants dont on peut se souvenir
Au lieu des enfants d'Arménie on pourrait dire
Les enfants du Rwanda par exemple ou d'autres
Nous ne l'oublierons pas
Nous ne l'ouvrirons pas