Que sais-tu de cet enfant bleuti dans les jupes de sa mère
Sur ce quai vide et gris par ce froid matin d'hiver
Que sais-tu de ces femmes du sud bannies de leur enfance
Le coeur brisé par les flammes et la douleur de l'absence
Que sais-tu des étrangers ?
Que sais-tu des étrangers ?
Que sais-tu ?
-moi,
que sais-tu ?
Que sais-tu ?
-moi,
que sais-tu ?
Que sais-tu de ces hommes beaux et forts comme des taureaux
Aux yeux ardents bêtes de somme creusant ici leurs propres tombeaux
Que sais-tu du courage et des combats d'avance perdus
De la nostalgie qui fait barrage au plaisir des instants vécus
Que sais-tu des étrangers ?
Que sais-tu des étrangers ?
Que sais-tu ?
-moi,
que sais-tu ?
Que sais-tu ?
-moi,
que sais-tu ?
Que sais-tu ?
Que sais-tu vraiment de l'exil,
de l'errance entre mort et vivant
Où le fils pleure sa famille et le père ses descendants ?
Je suis de ce peuple-là où les morts viennent te parler
Brisant les barrières de l'au-delà
de me rendre
à jamais un étranger