Pour Claude.
Je t'écoute dans la nuit comme si tu chantais pour moi.
J'imagine ta démarche sur les pavés de ta ville.
Je te pose des questions que tu n'entendras pas.
Serait-on des amis si tu étais en vie ?
Est-ce que tu aurais souri devant mes plus belles rimes ?
Oh Claude,
toi qui as écrit l'amour et la passion,
ou peut-être serais-tu envieux et aigri devant
les mélodies de ma génération.
Et je me fais des films.
J'imagine nos regards.
Toi le vieux qui a
tout vu, moi le jeune qui veut tout voir.
Nos reflets dans un café,
sur le coin d'un trottoir,
mes anecdotes de tournée te rappelleraient tes histoires.
Et je te taquinerai avec un air débile
en te disant que deux stadiums,
même toi tu l'as pas fait.
Tu répondrais d'une voix grave qu'aujourd'hui
c'est plus facile.
Je serai entre les lignes,
ils lirent de la fierté.
Je demande aux chanceux qui
ont croisé ta route des détails sur ta vie.
Je les couvre de questions comme si suivre tes pas
faisait taire mes doutes.
Je les suis sans aller dans la même direction.
Oh Claude, tu es là,
dans le cœur des passants,
même si à Toulouse le temps rabote les accents.
Tes chansons éternelles
et ta plume chérie,
la place d'un demi-dieu,
c'est bien le paradis.
Je te parle dans mes rêves,
héritier de ton combat,
et chantonne au Toulouse dans cette agitation.
C'est peut-être mieux comme
ça,
toi là-haut, moi en bas.
Notre amitié durera dans mon imagination.
Pour Claude.
Alors Claude, c'était comment d'être Nougaro,
la voix d'une ville,
l'homme de chaque instant,
d'être celui dont même tout là-haut,
on parle encore le bien plus souvent.
Tu montais le niveau
des voyelles et consonne,
comme une écluse augmente celui de la garonne.
Mais à la fin de tout spectacle,
il y a la mort.
Dans ton torrent de cailloux,
il y avait de l'or.
À Toulouse, il y a la brique,
mais il y a toi d'abord.
Ton parfum se dissipe comme on diffuse l'encens.
J'aurais voulu qu'on
discute,
qu'on ne soit pas d'accord,
que tu remettes en doute mes certitudes d'enfant.
Que
penses-tu du rap,
des pages qu'on déchire,
de ces mots qui frappent,
des syllabes qu'on mélange
comme si c'était un jeu ?
Traite-nous donc ta langue,
qu'on la maltraite un peu.
L'impression
de te connaître face à ta statue,
toi le taureau que seule la mort a battu.
Depuis qu'on y a pleuré,
la garonne est plus chaude.
Alors nous garrons.
C'était comment d'être Claude ?