Ah, je les vois déjà me couvrant de mes yeux et s'arrachant mes mains et demandant tout bas
Est-ce que la mort s'en vient ? Est-ce que la mort s'en va ? Est-ce qu'il est encore chaud ? Est-ce qu'il est déjà froid ?
Ils ouvrent mes armoires, ils tâtent mes faillances, ils fouillent mes tiroirs
Se régalant d'avance de mes lettres d'amour enrubanées par deux
Qui liront près du feu en riant aux éclats
Ah, je les vois déjà
Compassés et frileux, suivants comme des artistes
Mon costume de...
...de bois
Ils se poussent du cœur pour être le plus triste
Ils se poussent du bras pour être le premier
Sont amenés les vieilles qui ne me connaissaient plus
Sont amenés les enfants qui ne me connaissaient pas
Bon, c'est au prix des fleurs et trouve-t'un des champs
Pas mourir au printemps quand on aime le lit
Ah, je les vois déjà
Tous mes chers faux amis
Souriant sous le proie du devoir accompli
Ah, je te vois déjà
Trop triste, trop à l'aise
Protégeant sous le drap tes larmes lyonnaises
Tu ne sais même pas
Sortant de mon cimetière
Que tu entres dans l'enfer
Quand t'as accroché à ton bras
Le bras de ton quelconque
Le bras de ton dernier
Qui saura te faire pleurer
Bien autrement que moi
Ah, ah, ah
Ah, ah
Je me vois déjà
M'installant à jamais
Bien triste, bien au froid
Dans mon champ de soleil
Ah, je me vois déjà
Je me vois tout au bout
De ce voyage-là
Dont on revient du tout
Je me vois déjà tout ça
Et on a le brave culot
Dont j'ai vu demander
De plus barres que nous
De ne plus troncer les filles
De mettre l'argent de côté
D'aimer le filet de Macron
Et crier vive le roi
Ah, ah, ah
Ah, non
Ah, ah, ah
Ah, ah, ah