Un cheval fou est mort aux portes de Grenade.
Une orange éclatée
a peint les murs de sang.
On a fusillé Dieu sur une barricade.
Le drapeau noir se lève
et le soleil descend.
L'Algazil national enserre dans ses griffes
un tout petit garçon nommé Garcia Lorca.
On a pu voir hier du pic de Ténérife
un peintre halluciné pleurer sur Guernica.
Mais un vent d'avenir arrache les cagoules,
masques de matamores ou de guerrieros,
devant
la volonté superbe de la foule.
Le chant du souvenir devient un boléro.
Partout le rouge est mis
et les taureaux s'endorment,
dans l'espoir insensé d'un jour sans Corrida.
La reine de Toledo, avec un cri énorme,
a salué le peuple et chassé les soldats.
Ce soir l'espoir est là,
qui joue de la guitare.
Le side campeador danse la carmagnole.
Les torches de Madrid sont devenues des phares.
Ce soir la mort
n'a plus le visa espagnol.