Estelle s'applique pour ses photos,
elle clique en bas,
elle clique en haut
Elle met le flash dans la nuit,
elle cadre ce qui la ravit
Un portrait aux mille pétales,
un parc avec de jolies fleurs
Une belle et grande femme fatale et ses bonbons en forme de coeur
Au bout d'un grand chou de la vente,
elle installe son bel appareil
Elle cherche son plan,
elle se demande si la lumière est assez belle
Estelle s'applique pour sa photo,
elle met le soleil dans son dos
Elle hésite encore un instant,
puis déclenche sa machine à temps
Un souvenir de Marie,
à la terrasse ou comme chez soi
Buvant fin son martini à bras,
une journée de tournoi
Estelle s'applique pour sa photo,
elle retire la carabe d'eau
Qui gâchait sa toile argentique,
juste le temps du déclic
Sur la plage des sables cet été,
on peut dire qu'elle s'est déchaînée
Toutes les histoires de vie,
prises par elle en flagrant délit
Estelle s'applique pour ses photos,
le petit qui joue dans la mer
La mère qui joue près du petit,
un couple qui s'embrasse dans l'eau
Sur la route de retour aussi,
des images tout pleines à garder
Un embouteillage sur Paris,
des jeunes en stop tout colorés
Estelle s'applique pour ses photos,
elle clique en bas,
elle clique en haut
Sans avoir lu le mode d'emploi de ce tout nouvel appareil-là
Dès son retour chez elle à Namur,
elle déposera tout son trésor
Pour enfin découvrir,
c'est sûr,
le fruit de toutes ces choses et fort même
Et dans l'enveloppe de ses photos,
des vues d'en bas,
des vues d'en haut
40,
oui,
belles brises de vue de son oreille,
c'était mal vu