Tu es la traversée
Du temps habité
Tu es le parchemin
Où s'écrit le destin
Son visage te hante
Tu es la confidente
Qu'elle pleure ou qu'elle chante Tu es toujours présente
Tu l'as connue,
*** Afan Avant qu'elle ne se fane
Elle te confia son âme Elle te confia ses drames
Ta bue,
ses yeux d'enfant Et puis ses yeux de femme
La somme de ses fragments Et celle de ses charmes
Tu reflétais son dos Et la chair et les os
Les pétails de sa peau Sans jamais dire un mot
T'as réfléchi sa vie Dans la symétrie
Sans idolâtrie Et sans jalousie
Elle s'est vue à travers toi Nulle ou apprêtée
Au plus haut ou plus bas Intacte ou abîmée
Tu dessinais ses seins Tu dessinais ses mains
Comme on récite par cœur Un secret avant-coureur
Tu faisais sa fierté Et son humilité
Toujours à ses côtés Grâce à toi rassemblée
À toi elle a confié Ses dix ans, ses vingt ans
Ses vertes années Son âge ravissant
Mais elle n'a pas omis Ses trente et ses quarante
Tu lui fus un abri Aussi pour ses cinquante
Tu n'as jamais menti Tu n'as jamais trahi
Tu es la vérité En intégralité
Tu as l'exactitude Des longues servitudes
Tu es cet endroit Qui donne et qui reçoit
Tu es une eau gelée Où son enfance s'est noyée
Année après année Tu l'as révélée
Tu es dans la durée Dans la continuité
Mais bien que figée,
frangarde te fait lire
Une vie
d'un miroir brisé