Martine, Eden, sa reine s'enfuit,
Loin de lui, loin de lui,
Son grand amour retranché en bourgeoisie
Verse des larmes de dépit,
Et le monde entier de le soupçonner,
Et le monde entier de lui reprocher Ses ambitions divines,
Pauvre, pauvre Martine.
Pauvre surhomme d'humble extraction,
Dans son taudis sans un rond,
Autour de lui,
des piles et des piles de manuscrits,
Tous ses mirages amoncelés,
Dans sa pure lumide l'estomac vide,
Pauvre, pauvre Martine.
Soupée, soupée, grimace,
Dans les flaques glacées,
Elle s'est belle et bien envrelée,
Elle est partie épouvantée,
La folie qu'elle allait commettre,
Le sang de ses ancêtres,
Nellé au sang grassé,
Rien n'est cru à nécessiteux.
Tu as beau lire Ennich et Spencer,
Tu as beau ressasser la prose entière
Des siècles passés,
Et tout comprendre de travers,
Il n'y a rien à faire,
L'amour imbécile s'y connaît en affaire,
Pauvre, pauvre Martine solitaire.
Martine ombrageux, Ne plus amoureux,
Suspecte toute ivresse, Sans l'endemain,
Toute jeunesse, Tout cœur sur la main,
Les mignons de mutine,
Fondent piètres aventurières,
Pauvre, pauvre Martine amère.
Demain,
quand le succès viendra,
La douce repentie pleurera,
Dans tes bras,
Martine enfin solvable,
A nouveau aimable,
Trop tard, jolie citadine,
Trop tard pour épouser Martine,
Pauvre, pauvre Martine indomptable,
Sur Rome à la noix,
Ni liste aux abois.
Martine s'en va,
Martine s'en est allée,
Pour un long voyage en voilier,
Et dans les limbes du crêpe muscule,
Martine sur Rome minuscule,
Se laisse filer,
se laisse glisser,
Se laisse couler,
Ce n'est ni le premier, ni le dernier
bâtard à déserter.
Martine au paradis sans nuit,
Oh Martine, Martine au paradis sans nuit,
Adepti enza, oh Martine,
Adepti enza, oh Martine.