Malika c'est une fille bien,
qui est encore écolière,
dans son village africain.
Pour elle c'est la galère,
les frères et les soeurs à élever,
elle les a.
Et les culottes à rapiesser, elle les a.
Les mains de son vieux sur le corps, elle les a.
Les couilles qui lui donnent ivre mort,
elle les a.
Y'a des jours Malika, en vie celles du village,
qui sont parties faire à Paris,
les filles de mauvaise vie.
Malika elle s'est taillée,
elle a planté ses frères,
et sa vieille a dû rester,
endurer sa misère,
les gourdes plates sur le ventre,
elle les a.
Et les dents pourries dans la bouche,
elle les a.
Les habits troués sur les os, elle les a.
Et les sacs de riz sur le dos, elle les a.
Y'a des jours Malika,
ta mère est bien heureuse,
que tu sois devenue à Paris,
une fille de mauvaise vie.
Malika sur les périphs, elle vend de la grande
secousse,
quand elle annonce les tarifs,
y'en a pour toutes les bourses,
les yeux de biche
et les dents blanches, elle les a.
La taille fine, les ronds de hanche, elle les a.
Les
jolies fesses qu'elle les piche, elle les a.
Les mots pour consoler les riches, elle les
a.
Malika c'est ainsi, qu'elle envoie des mandats
dans son village où l'on aime pas,
les filles de mauvaise vie.
Malika,
elle s'est offerte,
avec son savoir-faire,
un studio avenue Clébert,
où elle fait ses
affaires,
les clients maigres,
elle les grat,
elle les a.
Tous ceux qui rêvent d'une nirvana, elle les a.
Les vilains proxos qui la guettent, elle les a.
Les policiers qui la raquettent, elle les a.
Les petits maris qui ont des méchères,
elle les a.
Les machos lourds et pleins de bière,
elle les a.
Les vertueux qui viennent se perdre, elle les a.
Et toutes les fesses de crabe amère, elle les a.
Mais Malika,
elle préfère,
à sa misère d'Afrique,
tous ces affolés du caleçon,
qui l'aiment à leur façon.
Ces bons pères de famille,
qui disent à leurs enfants,
méfiez-vous quand vous serez grands,
des filles de mauvaise vie.
Car sachez,
mes petits,
que pour un bon croyant,
il n'est rien de plus malfaisant.
Qu'une fille de mauvaise vie.