Depuis quelques années,
seule et sans compagnon,
j'habite la forêt noire au fond du vallon.
Hier m'est arrivé quelque chose de neuf.
Je suis miraculée,
car j'ai pondu un oeuf.
Un oeuf !
On va dire que je suis une poule,
j'en ferai mis des froids.
Simplement je me défoule,
tout au fond des bois.
Aussitôt la nouvelle,
un vile répandu m'a changé de pucelle en volaille perdue.
Et malgré les regards derrière chaque oeil de bœuf,
je suis allée hier soir faire baptiser mon oeuf.
Mon oeuf !
Vite j'avale un lait de poule pour me donner du cœur.
J'ai peur d'être ridicule tant qu'il sera mineur.
Mais voilà que le prêtre,
au lieu de le bénir,
tente de me soumettre aux lois de son désir.
Voulant, m'explique-t-il,
connaître un plaisir neuf et se mettre
en civil pour me faire un autre oeuf.
Un oeuf !
Il me chante bien Poupoule en jetant son froc.
Dieu,
j'en ai la chair de poule,
c'est un fameux coq.
Maintenant les gens nous aiment,
ils ont très bien admis
que nous cassions la graine dans notre petit nid.
Depuis que de l'église mon coq est devenu vœuf,
c'est comme une hantise.
Je ferai de l'oeil un bœuf,
un bœuf.
Bien souvent poule varie, tant pis pour le coq.
Je vais faire cuire au bain-marie mes oeufs à la coque.