J'ai visité l'œil noir du singeEt j'ai retrouvé les cheminsLes greniers, l'odeur des vieux lingesLes animaux à quatre mainsL'homme avant l'hommeAvant la terreAvant la nuit de notre tempsEt la lèpre fourbe des guerresAvant ce siècle sans printempsL'œil du singe est vaste et terribleEnvahit de chemins mouvantsDe règnes incompréhensiblesD'oiseaux morts, piégés par le ventDe troupeaux d'éléphants fossilesD'anthracites en forme d'oiseauxEt de calmes ptédoractylesPlanant seuls au-dessus des eauxLe singe traîne encore le rêveDe la fougère des géantsQuand sa paupière se soulèveSur le gouffre d'un œil béantJ'ai visité cet œil sans ombreVallée bleue qu'envahit le froidForêt de cristaux durs et sombresOù règnent l'eau morte et l'effroiL'œil du singe est large et stupideAussi triste que l'œil humainIl reflète des mondes videsOù vivra l'homme de demainQuand les fleurs du charbon sont mortesSur l'étang aux crapauds hurlantAu loin résonnait la voix forteDes reptiles phosphorescentsLes abcès gonflés du pétroleOnt laissé filtrer leur sang noirSous les sables en poche molleCœur pourri du dernier espoirLe singe a vu les hommes naîtreInsensiblement, les yeux mortsEt puis lentement se répètrentDes animaux aux larmes d'orL'œil du singe ouvert sur l'abîmeVerra l'homme carboniséSur des montagnes de victimesJuste à l'instant d'agoniserSous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org