Les vieux copains
Doridés, fatigués
Qui vous tendent la main
Après bien des années
Les vieux copains
Que l'on voit s'en aller
En se tenant par la main
Pour ne pas plus buter
Les vieux copains
Ont les yeux comme les cieux
Quand les cieux sont ouverts
Et qu'ils voient pour le mieux
Les vieux copains
Tous allés par le temps
Qui n'est plus qu'à la pluie
Quand tu pleux dans les yeux Les vieux copains
Doridés, fatigués Qui vous tendent la main
Après bien des années Les vieux copains
Que l'on voit s'en aller En se tenant par la main
Pour ne pas plus buter
Je suis un de ceux-là,
mon Dieu Donnez-moi des jardins
Pour cueillir la jeunesse Pour couper les années
Pour en faire des tresses Pas ma jeunesse à moi
Elle n'était pas heureuse Mais celle que voilà
Dans les bras d'une gueuse Avec ses seins trahis
Sous la robe trompeuse Avec le reste aussi
Et croyez-moi, petite
J'étais souvent gentil
Avec le cœur devant
Et mes rêves dedans
Les vieux copains Qu
'on avait cru des fois
Prendre l'or de leur voix Pour t'offrir un bijou
Les vieux copains
Qui te prenaient le temps
Pour se faire un printemps Et t'en donner un bout
Les vieux copains
Dont le passé passait
Dans leurs pas trop pressés À marcher sur l'amour
Les vieux copains Qui disent comment vas-tu
Et qui ne savent plus Ni leur nom,
ni le tien
Les vieux copains Qu'on avait cru des fois
Prendre l'or de leur voix Pour t'offrir un bijou
Les vieux copains
Qui te prenaient le temps
Pour se faire un printemps Et t'en donner un bout
Je suis un de ceux-là,
mon Dieu Rendez-moi la folie
Celle que je cachais Dans le fond de mon lit
Lorsque la nuit venait
Et que je dénonçais
Dans le froid du silence Les raisons de la chance
Affaire que la vie Se raconte ou se vit
Ça dépend du talent
Qui se donne ou se vend
Quand on a décidé d'écrire Et de chanter
L'amour et l'amitié Qui ne font que passer
Les vieux copains
Que je ne reconnais plus
Qui passent dans la rue
Entraînant des chagrins
Les vieux copains Tout courbé par le temps
Quand le temps est au nord Quand le nord est d'accord
Les vieux copains
Qu'ont des rides souillées
Par des larmes séchées À travers les années
Les vieux copains Qui mangent à la sécu
Et qui ne savent plus Où est le quartier latin
Les vieux copains Que je ne reconnais plus
Qui passent dans la rue Entraînant des chagrins
Les vieux copains
Tout courbé par le temps
Quand le temps est au nord
Quand le nord
est d'accord
Je ne suis pas de cela,
mon Dieu Je vous rends la passion
Que vous m'avez prêtée Un jour de déraison
Pour croire à vos conneries Pour croire à vos enfants
Alors que cette vie N'est faite que d'un instant
J'y naîtrai demain matin Quand les chevaux vapeurs
De tous mes vieux copains S'électréliseront
Et réinventeront
Dans leur âme fanée Les roses de l'enfer La folie du plus fou
Et tous ces vieux copains
Se mettront à chanter
Camarades,
électrélisons-nous Et si quelques étoiles veulent nous voir
On pourra toujours leur prêter Quelques volts
en supplément
Et alors,
et alors
Elles nous verront debout
Avec nos mains dans leurs coutumes Camarades,
camarades