Quand sa robe beau, quatre jupons, A fou frotter dans le salon,
J'ai vu s'éveiller le poisson rouge. Puis comme elle arrangait des fleurs,
Avec aux mains tant de douceur, Je me suis ***, arme en ton cœur,
Oh bougeur ! Faut-il que semblable beauté Pour moi demeure sans pitié ?
Alors quelle est la charité, m'aimant ? Les pièges de la tentation
Sont cachés sous quatre jupons. Qu'ai-je donc ? Quel est ce démon ?
J'aime, sans m'embarrasser de contours, C'est pourtant ce qu'on fait toujours.
J'empruntais soudain de l'amour l'aile. Mon Dieu, quel trouble fut le sien
Quand brusquement, tant mal que bien, J'avouais ne désirer rien qu'elle ?
Je lui parlais de mon émoi. La folie s'emparait de moi.
Il fallait bien que cette fois chose. J'attendis trois mois, ce fut long,
Pour qu'au printemps, d'un geste rond, Elle m'abandonne un jupon rose.
Il en restait trois suspendus Sur la courbe de ses reins nus.
Mais l'espoir n'était pas perdu, certain. Je guettais des flammes au cœur
Quand un jour d'été, la chaleur fit choir le second de couleurs vertes.
Dès lors, il n'en restait que deux. Mais c'est trop pour un amoureux
En me voyant si malheureux, luceux. C'est ainsi qu'elle s'appelait.
A l'automne, laissa tomber Celui dont la couleur était puissant.
Le dernier jupon était blanc, Tout en rentait le transparent
Et me rendait complètement ivre. Encore une saison de pluie,
Pensait-je, et je serais rendu À que viennent les assauts du givre.
Ce fut l'hiver. En souriant, Luceudibou fut patient.
« Je vais être sans jupon blanc, vôtre ! » Le vent glacé giflait l'étoile.
Et j'ai eu si peur qu'elle ait froid, Que je lui ai rendu les trois autres.
Quand sa robe eau, quatre jupons, A fou frouter dans le salon,
J'ai vu s'endormir le poisson rougeur.
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