Bien loin des capitales,
voilà où ils se nichent,
bestiaux, lucides,
intrépides.
Le long des diagonales que font les nationales,
le bord des diagonales
du vide,
du vide.
Tassés dans de grandes voitures qui roulent,
vous verrez dans le pare-brise les briller,
veste à paillettes sur ampule, siècle dernier,
siècle dernier.
À la place du mort dort un animal,
dans le coffre du matériel,
ou plutôt du métal.
Oh,
ils savent de leur main faire bien des choses,
et justement, ça faut bien des choses.
Ils ne dorment pas toujours dans leur lit,
se couvrent parfois de pisse en lit,
en papier
arraché,
gaminerie.
Bref, ça veut se réchauffer.
Sans se marier,
bien loin
des capitales,
voilà où ils se nichent,
bestiaux, lucides,
intrépides.
Le long des diagonales que font les nationales,
le bord des diagonales
du vide,
du vide.
Quand c'est l'heure du départ, ils bougent,
connaissent le cœur comme il se sert.
Quand se mettent à défiler les champs,
les chemins,
les barrières,
bien heureux, si
malheureux, ils restent au milieu,
disent qu'on n'y peut rien faire,
et c'est mieux.
Parce qu'ils sont nomades,
se soumettent au hasard,
parce qu'ils sont nomades,
et dehors,
et dedans.
J'aime aussi qu'ils parlent autant,
sans jamais évoquer leurs parents.
De solitude
en multitude,
sans se plaindre ni perdre,
sans se plaindre ni perdre,
se déplacent,
se déplacent,
se déplacent,
s'encartent,
se déplacent.
Ils gravitent en somme, et ainsi
font de la lumière,
même qu'elle peut tomber sur toi.
Parfois, point mort, hibernation,
point mort, point mort, on voit plus un rayon,
l'évite à gagner le fond des vitres,
le
pare-brise est tombé.
Alors que te revient cette conversation de janvier,
dans ce matin
chaud,
comme un glaçon.
Tu sais on peut vivre,
tu sais on peut vivre,
bien loin des capitales.
Tu sais on peut vivre,
tu sais on peut vivre,
le long des diagonales.
Tu sais on peut vivre,
le long des diagonales.
Tu sais on peut vivre par omission.