J'étais bien installé, fixé sur mon nombril,Avec les certitudes de ceux qui pèsent lourd,Le cynisme rapide pour les dîners en ville,Un triplex sur les champs, une villa à Cabourg.Dans mon carnet d'adresses, quelques ministres intègres,Quelques putes de luxe, c'est tout 8 top modèles,Des restaurants branchés, un vieux chauffeur très maire,Un président fourbu dont je tire les ficelles.J'étais maître d'un monde où se battaient sur nage,Des esclaves trop chers et des femmes volages....Je suis seul allongé, et mon sang devient noir,Mon regard étonné est celui d'un enfant,C'est toujours un mystère ce que tu peux bien voir,Quand le 11-43 est reparti fumant....Tout autour, quelques ânes et des chevaux de course,Se préparent aux courtines à griffer des dollars.Juste au milieu du front, une piqûre louche,Derrière le crâne, un trou béant sur le comptoir..........Les flashs des photographes, les poulets,Les indiquent, les indiquent, les indiquent,Et la foule anonyme, avec ses lieux communs,Rien ne me touche plus, ni le jeu, ni le fric,Car jamais de ma vie j'étais allé si loin....J'étais maître d'un monde où se battent et sur nage,..................Et des femmes volant....Dégagé, rien à voir avec les gangs mythiques,Ceux des tractions avant, Roger Ribes et Buisson,La complainte de Mandrin, des allures antiques,Si tu viens du milieu, tu connais la chanson.......La gualante de la rue qui chantonnait mon hommeDes hommes qui ne sortaient que quand la nuit venutGentlemen solitaires, ils délourdaient les portesTandis que le bourgeois se pressait dans la rueJ'ai tant de souvenirs aux noms surréalistesAu pont le Stéphanois, beau torse, beau sourisLa Bible, le Nantais, le Breton et la listeAussi longues, tu vois, que nos éclats de rizJ'étais maître d'un mondeOù se battent et surnagentLes esclaves très chersEt les femmes, voilàJe ris encore parfois, mais avec peu d'amisLe champagne va mal aux caves affranchiesComme le disait si bien la grande signoréeLa nostalgie petite n'est plus ce qu'elle étaitSous-titrage Société Radio-Canada