Dans son atelier bien rangé,
à cette heure pile le vieux Roger
sort son petit train électrique,
la gare et les arbres en plastique.
Sur sa planche de contreplaqué,
rails et wagons numérotés,
la loco,
chariot à bagages,
le transfo et les aiguillages.
Y a bien longtemps le vieux Roger sifflait les départs sur le quai,
de sa petite gare de banlieue,
le bonheur n'aurait pas fait mieux.
En retrait de voix désaffecté,
il met son képi étoilé,
et fait tourner par habitude
ses pleins wagons de solitude.
C'est l'oeil huit-trente-quatre du dimanche,
glacière et marmots sur les hanches,
et puis
ils étaient cannes à gardons,
les belles nappes à carreaux s'en vont,
au bord de l'eau,
là où c'est beau,
là où c'est beau.
Retrouvaille des amoureux,
Roger a de l'or dans les yeux,
quand ça s'embrasse du bout des doigts,
voudrait que son train ne parte pas.
À l'omnibus de dix-neuf heures,
fenêtre embuée dans la sueur,
voir le retour des métallos lui met toujours le ventre au fourneau.
C'est l'express du lundi matin,
pour les parisiens du Turbin,
attachés caisses en procession,
les costards cravatés s'en vont,
en première classe,
là où c'est beau,
là
où c'est beau.
Sa maison vide depuis un bail,
résonne des essieux sur les rails,
son petit train,
train tournant rond,
sa coiffeuse n'est plus dans le wagon,
elle l'a quittée pour un marin,
sourire en coin,
il se souvient.
Quand elle est partie
pour son phare,
c'est même lui qui a sifflé le départ.
C'est le 9.40 du mois d'août,
colo fourmilière en déroute,
sa chouine un peu dans les jupons,
les chances de l'été s'en vont,
se bronzent l'œil,
là où c'est beau, là où c'est beau.
Roule les heures, roule les jours,
sans arrêt, sans billet retour,
à se bricoler quelques voyages avant le dernier aiguillage.
C'est le terminus du vieux Roger,
il emmène son contreplaqué,
son képi,
sa gare en carton,
et ses petits wagons s'en vont,
dans les étoiles,
là où c'est beau,
là où c'est beau.
Đang Cập Nhật
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