Que vas-tu faire en attendant,
en attendant le peu de temps,
Le précieux temps qui reste avant,
Que tu ne plies sous le poids des ans,
Qui passe sous le pont fragile,
Que font tes deux jolies sourcils,
Au-dessus de l'eau claire et bleue,
Qui parfois coule de tes grands yeux.
Car tourne la roue tout doucement,
Regarde la route,
bientôt tu descends,
Et tombe la rouille, tout fout le camp,
C'est la roue qui tourne,
tourne le temps.
Que vas-tu faire de tes vingt ans,
N'écoute pas tous les vieux cons,
De bons conseils qui te diront D'attendre-là bien sagement.
Si le miracle de la vie,
Ce grand mystère,
tout ça servait,
Juste à faire tourner l'industrie,
Depuis le temps,
ça se saurait.
Car tourne la roue tout doucement,
Regarde la route,
bientôt tu descends,
Et tombe la rouille, tout fout le camp,
C'est la roue qui tourne,
tourne le temps.
Alors pourquoi ne pas courir,
Après celui de tes amours,
Qui méritait plus qu'un détour,
Mais que tu as laissé partir,
Et lui confier que son sourire,
Le souvenir de son regard,
Vienne parfois,
souvent le soir,
Et dérape à s'endormir.
Car tourne la roue tout doucement,
Regarde la route, bientôt tu descends,
Et tombe la rouille, tout fout le camp,
C'est la roue qui tourne,
tourne le temps.
Que vas-tu faire de la vie, De cette
sorte de surplus,
Qui t'est rendu,
qui te ravit,
Que tu croyais déjà perdu ?
Qu'as-tu donc l'intention de faire,
Des quelques heures supplémentaires,
Où tu te gorgeras de l'air,
Du temps qui file jusqu'en hiver ?
Car tourne la roue tout doucement,
Regarde la route, bientôt tu descends,
Et tombe la rouille, tout fout le camp,
C'est la roue qui tourne,
tourne le temps.
C'est la roue qui tourne, tourne le temps.