C'est la fille de l'avenue
Qui sort du bain lavé nue
Elle vit sur ces grands panneaux
Qui déchirent la nuit
Bordent les pas sans prix
Dans son bain de mousse gris
Je la porte sur mon dos
Je l'étends de mon pinceau Sur ces courbes que je colle
À dix pas du sol Je plonge et je m'envole
Au fond d'une idée folle Ne la froissez surtout pas
Elle se déplie sous mes doigts Son cœur de papier se noie
Dans les embruns et le froid Certains laissent sur sa peau
Des dessins, des mots Qu'elle garde sur son dos
Comme le cerf d'un oiseau Sous les phares et balayeuses
Belle et honte et rujoyeuse
Elle s'enfonce dans l'eau bleue
Et reprend son grand jeu La nuit tâche ses creux
Et dévoile ses yeux Ne la froissez surtout pas
Elle se déplie sous mes doigts
C'est la fille de l'avenue
Qui sort du bain lavé nue
Elle vit sur ces grands murs sales Devant nos yeux s'étalent
De la scène en aval Elle méduse les salles
Je la porte sur mon dos Je l'étends de mon pinceau
Sur ces courbes que je colle À dix pas du sol
Je plonge et je m'envole Au fond d'une idée folle
Ne la froissez surtout pas
Elle se déplie sous mes doigts
C'est la fille de l'avenue