Alors, outre les maladies psychosomatiques des chanteurs,
outre le passage sur ma vie privée,
je sais que je devrais en rester là.
Eh bien, non.
Je vais vous confier un de mes vices.
Alors, je vous *** tout de suite, ça se passe deux ou trois fois par an.
Pour être tout à fait honnête, trois ou quatre fois.
D'accord ?
Alors, trois ou quatre fois par an, je bois.
Mais pas un peu.
Je me prends la brasse du siècle, quand même.
D'accord ?
Et je voudrais précisément vous parler d'une de ces fois-là,
où j'étais en excellente compagnie.
J'étais avec un copain qui est dans la salle, d'ailleurs, ce soir,
qui s'appelle Guy Godefroy.
Et depuis huit heures du soir, nous refusions le monde
à cause de champagne,
de vodka,
de Ricard,
de Fernet Branca,
de bière.
C'était vraiment...
C'était quelque chose.
Et sur le coup de trois heures du matin,
alors que nous étions dans un état d'ébriété
proche de la Belgique...
Eh oui, il nous est venu l'envie soudaine
de créer...
Alors, nous avons parlé...
On a pris un papier et un stylo, et nous avons créé...
Et là, nous avons écrit des choses, écoutez, vraiment des choses, mais...
qui...
Je ne sais même pas comment vous expliquer, qui...
qui atteignaient le cosmos, enfin, je veux dire que...
Toutes les deux minutes, nous avions l'impression d'embrasser Dieu.
Nous étions géniaux, quoi, si vous voulez, mais je ne peux même pas vous expliquer
ce dont nous avons parlé dans ce texte, parce que vous êtes trop jeunes,
vous ne pourriez pas comprendre.
C'était vraiment comme ça, un moment de grâce.
Enfin, on en avait l'impression.
Et puis, le lendemain matin, à jeun,
j'ai relu ce que nous avions écrit.
Ce n'était pas tout à fait inintéressant.
Pour tout vous avouer, ce n'était pas tout à fait du français non plus, d'ailleurs.
Ça ressemblait plus à du yaourt aux fraises qu'à du français.
Nous n'avons rien compris.
D'ailleurs, même le titre, si vous pouvez m'expliquer ce que j'ai voulu dire,
ou ce qu'on a voulu dire, vous me le dites.
Le titre, c'est la première fois que je l'ai lu,
c'est la pompe-linte du canapompé.
D'accord ?
Vous voyez le genre ?
Mais quand même, je trouvais ça rigolo,
même si ça ne voulait absolument rien dire.
Il y avait de temps en temps des mots de français qui se perdaient,
mais dans un sens...
Mais mon compère Arnould et moi-même
avons décidé de mettre
quand même
cette merveilleuse poésie en musique.
Et à présent,
nous allons avoir le grand honneur
de vous interpréter ce chef-d'œuvre.
Voyez-vous ?
Le but du jeu, c'est bien évidemment
de ne pas comprendre.
Je compte sur vous.
Et je prie aussi les âmes sensibles de sortir,
parce que charmante jeune fille, mais alors d'une force,