Quand je serai vieux, je serai insupportable,
Sauf
pour mon lit et mon maigre passé.
Mon chien sera mort,
ma barbe sera minable,
Toutes mes morues m'auront laissé tomber.
J'habiterai une quelconque Belgique Qui
m'insultera tout autant que maintenant.
Quand je lui chanterai « Vive la République,
Vive les Belgiens, Merde pour les Flammagans!
»
Je serai fui comme un vieil hôpital
Par tous les ventres d'autres sociétés.
Je boirai donc seul ma pension de cigale.
Il faut bien être, lorsque l'on a été.
Je ne serai reçu que par les chats du quartier,
À leur festin pour qu'ils ne soient pas treize.
Mais j'y chanterai sur une simple chaise,
J'y chanterai après leur rat crevé.
Messieurs, dans le lit de la Marrakech,
C'était moi,
les quatre voisins chasseurs.
Et quand viendra l'heure imbécile et fatale,
Où il paraît que quelqu'un nous appelle,
J'insulterai le flic, sa sœur,
mortale,
Penché vers moi comme un larbin du ciel.
Et je mourirai cerné de rigolos En me disant qu'il était chouette,
Voltaire,
Et qu'il y en a des qui ont une plume au chapeau,
Et qu'il y en a des qui ont une plume derrière.
Lalalala,
lalalala.
Quand je serai vieux,
je serai insupportable,
Sauf pour mon lit et mon maigre passé.
Mon chien sera mort,
ma barbe sera minable,
Toutes mes morures m'auront laissé tomber.