Sur le sol éclaté de ces derniers hivers
Il s'écrit en passant des colères furtives
Courant comme alentour un lièvre découvert
Par le cri des chasseurs affûtés sous le givre
Et la fuite s'installe
où la danse vivait
Le printemps ne vient plus sur nos terres
fanées
La nuit succède au jour
sous les mêmes
abrès
On ne sait plus comment dénombrer les années
Avant que le silence et poser ses collets On
se parlait souvent dans des joutes profondes
Cavaliers de la fête où chacun se croyait
Le plus libre larron jamais venu au monde
Nos toitures mêlaient
leurs poutres aux forêts
Sans orchestre vaillant sous un ciel unanime
Voix de vivres et de vents,
tout un monde chantait
Et la lune flânait doucement sur les cimes
Puis des hommes sans joie,
des raîtres sans couleur
Harnachés de fureur et de flèches mortelles
On fait signe soudain de leur geste vainqueur
Que la vie allait prendre une façon nouvelle Les décrets,
les panneaux,
les botteaux de
rigueur
Ont figé la forêt comme on plante une herse
Le sous-bois fut livré au feu des artilleurs
La gangrène gagna nos chemins de traverse
Aujourd'hui tout est calme
et semble sommeiller
Dans l'éternel hiver de nos terres soumises
Quelques amis sont morts,
d'autres s'en sont allés
Vers des pays marins sur des îles
moins grises
Et pourtant la forêt
s'agite quelquefois
On entend sourdre un cri comme un tronc qui résiste
Un écho répondant à ces anciennes voix
Qui dorment dans les corses et nous disent
de vivre