Portrait banal d'un adolescent discret, Manu entre en terminale accompagné de ses secrets
Dans son survet arsenal, peura dans les écouteurs, et le cartable aux couleurs de son équipe du Portugal
Pas grand chose d'original, juste une anecdote, Manu est tombé amoureux de l'un de ses deux meilleurs potes
Il opte pour le silence face à la stupidité, mais subit le poids écrasant de la culpabilité
Dans sa sexualité, solitaire introverti, averti, les interdits feront de lui un inverti
Il se décide, franchit le cap, la riposte de son pote résonne encore comme une claque
La bulle éclate, la rumeur est blessante, les murmures des couloirs deviennent très vite assourdissantes
On s'insurge, on s'insulte, on en vient aux mains, puis c'est la corde qui s'incruste comme un remède au lendemain
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'oeil, le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, déjà la vingtaine, je marche les veines ouvertes quand la foudre se déchaîne
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'oeil, le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, ton avis je m'en passe, ce que j'aime je l'embrasse, ça n'a rien d'obscène
La vie suit son cours, il y a des hauts, il y a des bas, chez les siens, tous les jours sur ses ébats, il y a des bas
Ça ne parle pas d'amour mais de morale et de nature, les parents de Manu toujours dans la caricature
Créature au caractère, quasi catastrophique, on reproche à son fils de ne pas être un hypocrite
D'avoir tombé le masque, de s'assumer enfin, dans ce procès sans fin, le jugement est une farce
Regardez-vous dans la glace, qui sont les vrais tordus, tous ces gros dégueulasses donneurs de leçons de vertu
Et au taf c'est la même, l'atmosphère est pesante, les parallèles et raccourcis ou bien toutes ces blagues écœurantes
Il perd son équilibre, tant l'oreille entend le vide, et la corde se balance, menaçante et solide
L'amalgame est facile, homo c'est l'abomination, l'hétéro se complice, si fier de sa domination
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'œil, le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, déjà la vingtaine, je marche les veines ouvertes quand la foudre se déchaîne
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'œil, le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, ton avis je m'en passe, ce que j'aime je l'embrasse, tout ça n'a rien d'obscène
Ça se propage en fait, c'est comme une maladie qui se propage
Cette loi c'est la légalisation de la pédophilie
Ça n'est pas naturel
L'homosexualité est une abomination
À la sortie de l'usine
Manu décompresse
2012, l'homophobie se décomplète
Et la droite est dans la rue, celle qui veut sauver la France
Au manifeste on chante, pour réduire au silence
Les pédés au bûcher, ça n'a rien de bon enfant
Les murs et les poteaux ont des slogans ahurissants
Et si la haine est si fréquente, on ne s'y habitue pas
Manu fait quelques pas, mais son indignation augmente
Il rejoint son mec à l'angle, il arrache une affiche
Trois types arrivent armés, deux matraques télescopiques
Tout se complique, des louches d'un juré de coup
Tout se complique, des louches d'un juré de coup
Tout va très vite dans la panique, Manu s'écroule
Frappé au sol, aussitôt c'est le trou noir
Allongé sur le trottoir, quasiment laissé pour mort
Cette fois ce n'est pas la corde qui aura le dernier mot
Dans trois jours on enterre Emmanuel Feliciano
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'oeil
Le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, déjà la vingtaine
Je marche les veines ouvertes quand la foudre se déchaîne
Et cette corde qui m'appelle, qui me fait de l'oeil
Le pédé comme il m'appelle, un pied dans le cercueil
Ne pleure pas, c'est pas la peine, ton avis je m'en passe
Ce que j'aime je l'embrasse, pour moi ça n'a rien d'obscène