Je voudrais pas creverJe voudrais pas crever sans savoir si la luneSous son faux air de thune a un côté pointuSi le soleil est froid, si les quatre saisonsNe sont vraiment que quatreSans avoir essayé de porter une robeSur le grand boulevardSans avoir regardé dans un regard dégoûtSans avoir mis mon zobDans des coinces d'eau bizarreJe voudrais pas finir sans connaître la lèpreOu les sept maladies qu'on attrape là-basLe bon ni le mauvais ne me feraient de peineSi, si, si je savais que j'en aurais les traitsEt il y a aussi tous ceux que je connaisLe fond vert de la merOù valsent les brins d'alguesEt les vaches de la merSur le sable onduléL'herbe grillée de juinLa terre qui craquelleL'odeur des canifèresEt les baisers de selQue ceci, que celaLa belle que voilàMon ourson l'ursulaJe voudrais pas creverAvant d'avoir uséSa bouche avec ma boucheSon corps avec mes mainsLe reste avec mes yeuxJ'en *** pas plus, faut bienRester là-basRévérencieuxJe voudrais pas mourirSans qu'on ait inventéLes roses éternellesLa journée de deux heuresLa mer à la montagneLa montagne à la merLa fin de la douleurLes journaux en couleurTous les enfants contentsEt tant de trucs encoreQui dorment dans les crânesDes géniaux ingénieursDes jardiniers joviersDes sociaux socialistesDes urbains urbanistesEt des pensifs penseursTant de choses à voirÀ voir et à entendreTant de choses à attendreÀ chercher dans le noirEt moi, je vois la faimQui gronde, qui s'amèneAvec sa gueule mocheEt qui m'ouvre ses brasDe grenouille bancrocheJe voudrais pas creverNon, monsieur, non, madameAvant d'avoir tâtéLe goût qui me tourmenteLe goût qui est le plus fortJe voudrais pas creverAvant d'avoir goûtéLa saveur de la mort