Un peu de pain sec,
deux ou trois bouquins
dans un sac
Les poches vides,
la tête en l'air, le cœur en vrac
Je m'en vais,
je mets les bouts Taille la route,
bas le pavé
Jette les clés dans le fossé sans me retourner Je m'en vais,
pille les gaules,
tout m'est égal
Moi je détale,
m'éclipsez-vous Laisse mes
cliques et mes claques
Très loin des murs de vos cités noyées de lumière
Où j'ai rien à faire,
où je me perds Toujours en hiver,
je m'en vais
Et je marche sur les chemins Même pas marqués sur vos quarts
Moi je mets les voiles,
il est temps que je parte Avant que ma vie passe
Je m'en vais et je marche Je passe
Je plante ici tous mes costumes trop petits
Et je balance
mes cravates aux orties
Je m'en vais et je vous tire ma révérence sans remords
Histoire d'aller poser mon sac
dans un port
Je m'en vais tout près du bord
Là j'attendrai la bonne vague
Pour y jeter toutes mes chaires,
toutes mes
bagues
Très loin des murs de vos cités noyées de
lumière
Où j'ai rien à faire, où je me perds
Toujours en hiver,
je m'en vais Et je marche sur les chemins
Même pas marqués sur vos quarts Moi je mets les voiles,
il est temps que
je parte Avant que ma vie passe
Je m'en vais et je marche Je prends la route en effaçant toutes mes
traces Larguer les amas,
arrêter d'être sage
Laisser le vent tourner les pages Je m'en vais
et moi je passe
Je m'efface,
me fais la belle là où ça me plaît
Bahamas ou peut-être Chauset Droit devant,
si le vent m'amène
Jusqu'à Saint-Hélène,
île du Levant Ou bien les Kerguelen,
tous les archipels
Qui m'appellent
Je m'en vais
et moi je passe
Je m'efface,
me fais la belle avant que ma vie passe
Je m'en vais
et je passe