Les filles, question de morale,
En voyant un bel animal
Chez des amis ou dans un bal
Ne peuvent que rester rêveuses
Car le fait d'en attaquer un,
Lui dire « Vous me plaisez bien,
Quels sont vos projets pour demain ?
»
Aurait des suites désastreuses.
L'animal en serait flatté,
Mais les lois étant renversées,
Une certaine société contre elle Partirait en guerre.
Eh bien moi,
je m'en contrefous,
Et puisque nous sommes entre nous,
Très humblement,
je vous l'avoue,
J'ai souvent envie de le faire.
Les filles,
question de raison,
Baissent leurs yeux et leurs jupons
Quand un bel homme avec aplomb Les fouille avec un œil envri.
Devant ce regard qui en veut,
Et les dénue de peu à peu,
De peur de jouer avec le feu,
Elles rentrent dans leurs coquilles.
Cela n'est pas absolument Par manque de tempérament,
Mais se dévêtir sur le champ,
N'importe où,
mon Dieu,
quelle affaire !
On la traînerait dans la boue,
Mais puisque nous sommes entre nous,
Très humblement,
je vous l'avoue,
J'ai souvent envie de le faire.
Les filles,
question de pudeur,
Qui reçoivent un coqueur
En ouvrant la porte au livreur,
Bâties comme une armoire à glace,
Ne peuvent pas,
dans le couloir,
Laisser entr'ouvert un peignoir
Sous lequel il y a tout à voir Et tout à prendre sans menace.
Pour l'entraîner sans un discours,
Au creux d'un moine d'Yvonpour,
Tout bêtement faire l'amour,
Sans hypocrisie ni manière,
Eh bien,
moi,
je m'en contrefous,
Et puisque nous sommes entre nous,
Très humblement,
je vous l'avoue,
J'ai souvent envie de le faire.
Messieurs,
quittez cette aire pincée,
Ne me jugez pas d'un sourire,
Si bien des femmes l'ont pensé,
Moi,
je suis la seule à le dire.