Je vais vous raconter ce qui m'est arrivé la première fois que je suis sorti de mon
camp de bois, à la découverte de l'appartement, mon premier univers d'enfant.
J'ai d'abord marché à pied, sur quatre pieds, les yeux rivés, sur un cheval mécanique
qui était dans ma chambre à coucher, et comme tout se passait bien, j'ai voulu m'avancer
plus loin, mais quand j'ai pris l'escalier, une voix très forte a crié, pas dans l'escalier,
interdit au bébé, pas sur le palier, interdit au bébé, qui sort de la cuisine, interdit
au bébé, touche pas la télé, interdit au bébé, et comme tout qui brille, c'est
pas pour les bébés, mais dites-moi ce qui reste au bébé.
On a beau nous adorer, nous chouchouter, nous torleter, on n'a pas une heure à soi,
on est sans arrêt surveillé, et quand on nous laisse en pain, il faut dormir jusqu'au
lendemain, mais si jamais dans la nuit, on pousse un cri, c'est reparti.
On ne peut pas rêver, interdit au bébé, on ne peut pas se lever, interdit au bébé,
on ne peut pas boire seul, interdit au bébé, on ne peut rien manger, interdit au bébé,
et comme tout ce qui est bon, c'est pas pour les bébés, mais dites-moi ce qui reste au
bébé.
Pas dans l'escalier, interdit au bébé, pas sur le palier, interdit au bébé, qui
sort de la cuisine, interdit au bébé, touche pas la télé, interdit au bébé, et comme
tout ce qui brille, c'est pas pour les bébés, mais dites-moi ce qui reste au bébé, mais
dites-moi ce qui reste au bébé, mais dites-moi ce qui reste au bébé.
Yeah !