« Rien n'est meilleur que d'entendre air doux et tendre jadis aimé »,
affirme Alfred de Musset.
Le poète des « Nuits de décembre » écoutait peut
-être alors chanter dans sa mémoire un vieux Noël.
L'identité des sources où les Noëls puisent leurs suaves
inspirations leur donne à tous une ressemblance frappante,
un cachet indélébile,
un air de famille irrécusable.
Graves ou naïfs,
spirituels ou émus,
languoureux ou gais,
tous les Noëls sont charmants.
Tous exhalent un parfum de poésie véritable
où se révèle l'âme même du peuple.
Aux enfants tapageurs,
aux vieillards silencieux,
aux artisans, aux érudits,
aux cœurs simples,
aux intelligences d'élite,
à toutes les conditions comme à tous les âges de la vie,
ils parlent un langage merveilleux.
Leurs joies exubérantes se tempèrent par cette mélancolie sereine
qui existe à entendre chanter tous les
ans une même mélodie dans une même église,
à la même date et à la même heure,
aux minuits solennelles et mystérieuses de Noël.
Cette illusion de notre cœur est un parfait délice pour notre esprit,
qu'elle fascine à son tour
et qui la continue,
l'éternise.
Nous les écoutons encore, ces voix idéales,
longtemps après qu'elles se sont tues.