Rêver, chercher, apprendre, n'avoir que l'écriture et pour maître et pour Dieu,tendre la perfection à s'en crever les yeux, choquer l'ordre établi pour imposer ses vues,pour fendre, choisir, saisir, comprendre, remettre son travail cent fois sur le métier,salir à toi le vierge et pour mieux la souiller, faire hurler sans pudeur tous ses espaces nus,surprendre, traverser les brouillards de l'imagination, déguiser le réel de l'ombreou l'abstraction, désenchaîner le trait par mille variations, tuant les habitudes,changer, créer, détruire, pour briser les structures à jamais révolues, prendre lescontrepieds de tout ce qu'on a lu, s'investir dans son oeuvre à coeur et corps veutu, écrire,de peur, de soeur, d'angoisse, souffrant d'une étrange langueur qui s'estompe parfois mais quirefait bientôt surface, user de sa morale, enjoint sur les mœurs et les idées du temps,imposer sa vision des choses et des gens, quitte à être pourtant maudit, aller jusqu'au scandale,capter de son sujet la moindre variation, explorer sans relâche la forme et le fond,et puis l'oeuvre achevé, tout remettre en question, déchirer d'inquiétude, souffrir,maudire, réduire l'art à sa volonté, brûlant d'énergie, donner au sujet mort comme un semblantde vie et lâchant ses démons sur la page engourdie, écrire, écrire, écrire comme onparle et non crie, il nous restera ça, il nous restera ça.