Et puis vient un jour
Tout tombe lourd
Un jour on est si grand
Qu'on est vide en dedans
Tout raide et sans penchant
Une antenne sous le vent
Les images là-dedans
Brouillées de parasites
Tout tombe lourd
On voudrait s'écrier
Mais y'a rien à crier
Les mots sont facétieux
Comme du papier mâché
Ils nous font une grosse tête
De carnaval en fête
La peine est une esthète
C'est la nôtre défaite
On voudrait l'exprimer
L'imprimer, l'opprimer
La douleur du néant
Avec des mots blindés
Oui mais seulement
Voilà
Devant le néant tout fout le cran
Alors vient un jour
La pensée comme un poids libre
La remorque est vide
Le tracteur est sans vide
Et l'on a une ride
Au front
Qui tient la bride
Et prépare l'homicide
Futile
A bout de portant
On voudrait s'écrier
Accrocher, décrocher le turlut
À Paul et là me sort
Une sœur à nos seins nus
Mais elle se paye notre tête
Elle nous parle de branlette
La peine est suffragette
C'est la nôtre défaite
On voudrait la cacher
La cracher, l'arracher
C'est peine capitale
Et la voir se noyer
Oui mais seulement
Voilà
Devant le néant tout fout le cran
Enfin vient un jour
On descend de voiture
On pose le pied sur terre
Sur une route à sa pointure
Dans une autre atmosphère
Où le passé n'est plus présent
Ni l'avenir, ni le présent
On a le temps
On est tout neuf
Et on peut s'écrier
Mais on préfère s'écrire
C'est mieux de la fermer
Pour écouter la terre
Un jour sans le savoir
On change de mémoire
La peine va se faire voir
C'est la nôtre victoire
Alors on peut chanter
Sans chanter, sans danger
Sans craindre la sentence
Pour délit d'insouciance
Oui mais seulement
Voilà
Devant le néant tout fout le cran
Et la voir se noyer
Oui mais seulement
Voilà
On le sait
Ça va
On le sait
Ça va
Attendez