Je fuis, je m'en fuis,
vers Alpha Centauri.
Oh, je suis si petit.
Si jeune au milieu des galaxies,
je dérive,
je dévie,
tout seul,
dans le noir infini.
Oh,
mais tel jeu,
c'est autre chose que vile,
tâneuse,
sur Terre tout n'est pas rose,
sur la Terre,
tous les jours,
toutes les nuits,
on s'expose à rater sa vie,
si rose, cancer,
nécrose, trombose, mépris,
oublie,
oh, j'ai bien faim de partir d'ici.
Je fuis, je m'en fuis,
vers Alpha Centauri,
j'ai le cœur bien accroché,
quand j'encaisse
sans broncher, digé dans ma carcasse,
certains s'aplatiraient,
certains même se liquéfiraient,
rien qu'à l'idée.
Je ***,
ce sont des lâches,
accrochés au plancher des vaches,
moi, ça ne m'effraie pas,
pas plus que de rester là,
tout l'or du monde,
ne me fera
pas renoncer,
à Sirius, à Vega,
à Rigel et Rigel,
à Zekka,
à Algol,
Bolaris,
Ossillon,
Karen,
Ocasiopel et mille autres beautés dont je ne sais pas le nom.
Bien sûr, quand elle est partie,
quand elle s'en est allée,
avec un ingénieur en agronomie,
ou des ponts et chaussées,
bien sûr,
j'ai trop pleuré,
j'ai tergiversé, j'ai longtemps hésité,
sur la suite à donner,
à l'histoire de ma vie,
un instant,
j'ai pensé mettre un point final,
arrêter l'effraie,
par faire son travail,
sa grande œuvre brutale.
Alors j'ai fui, je me suis enfui,
vers Alpha Centauri.
A la vitesse où je vais,
Alpha du Centaure, je l'atteindrai,
dans quelques centaines d'années.
A
moins qu'entre temps je revienne au néant,
de la soupe primaire inter-sidérale,
et peut-être,
qui sait,
que mes particules,
***séminées au vent astral,
répandront la vie,
au milieu des étoiles,
quelque part dans le noir affi,
des fragments de ma biologie,
quelque part dans le noir infini,
des morceaux de mon génie,
quelque part dans le noir infini,
je serai ce grain de sable,
ce grain de poussière carbonée,
qui manquait jusqu'ici, à la nébuleuse,
du crâne.